dimanche 4 mars 2007


Chicago - Sufjan Stevens


Chère Maman, chers amis, chers collègues, cher rectorat de l’Académie d’Amiens,

Vous vous demandez peut-être pourquoi je n’ai pas donné de nouvelles depuis quelques mois, quatre exactement, et pourquoi je ne réponds pas au téléphone. Rassurez-vous, je vais bien. J’ai assisté le 9 novembre dernier au concert de Sufjan Stevens au Bataclan et vous savez combien j’aime la musique de ce garçon. C’était un concert magique, dont j’ai goûté chaque harmonie, m’amusant de chaque sourire des interprètes. Les larmes me montaient aux yeux, parfois, en voyant ce jeune homme si doué et si touchant diriger une dizaine de musiciens affublés d’ailes d’ange, sur les chansons de son chef-d’œuvre, Illinois. Sans avoir besoin des jolies images super-8 qui passaient derrière eux, je retrouvais celles qui m’étaient spontanément venues en écoutant Casimir Pulaski Day ou The Avalanche : la langueur d’un quotidien percé d’un peu de merveilleux, ces panoramas déformés par l’abstraction que seule l’enfance sait voir. En sortant du concert, j’ai vu le tour bus de Sufjan Stevens garé devant la salle et profitant d’un moment d’inattention autour de moi, je me suis caché à l’intérieur. J’ai tenu deux jours planqué sous une pile de manteaux, jusqu’à ce qu’on me découvre à Amsterdam. J’ai supplié le groupe de me garder avec lui et ils ont accepté : je suis devenu roadie. J’ai porté les guitares, les amplis et les sacs de câble, comme je l’avais fait plus jeune pour mes amis musiciens. En arrivant au Etats-Unis, j’ai découvert Chicago. J’ai vu le Loop et son métro aérien. J’ai vu l’immeuble du Chicago Tribune, celui de Superman et dans ma tête une section de cordes s’envolait comme dans la chanson. J’ai traversé les Etats-Unis en chantant à tue-tête dans un bus de tournée, et j’étais presque dans Almost Famous. Maintenant, je commence à accorder les guitares, et l’autre jour, j’ai joué The dress looks nice on you avec Sufjan. Les autres me posent des questions sur la France et je leur explique quelques trucs, la politique et ces choses-là. Ça les amuse. Je reviendrai peut-être ou je m’installerai ici, je laverai des bagnoles, j’enseignerai le français, qui sait ? Il y aura une autre tournée et nous nous retrouverons. J’aurai alors des milliers de choses à vous raconter.

P.S : Vous pouvez faire suivre mon courrier à Asthmatic Kitty.