jeudi 8 mars 2007



Voilà les anges - Gamine

C’est encore une chanson d’adolescence, découverte au Top 50 où elle avait fait une brève apparition. Je faisais comme tout le monde à cette époque des compilations sur cassettes Maxell en enregistrant la FM. Ça donnait des ensembles assez bordéliques où le début et la fin des chansons étaient avalés, où le son était épouvantable. Ce qui explique peut-être pourquoi je me suis toujours autant focalisé sur ce qu’un morceau veut dire plutôt que sur les moyens mis en œuvre pour le dire, pourtant partie intégrante du contenu. J’avais amené Voilà les anges dans une boum du samedi après-midi et ayant réussi à la faire passer, j’avais essuyé l’incompréhension de mes petits camarades. C’est en lisant plus tard le génial Sur le rock de François Gorin que j’ai compris que j’étais devenu ce jour-là un parfait exemple de « boy next door », ces jeunes gens à la fois inhibés et révoltés prêts à s’enfuir des communautés auxquels ils étaient si mal assortis. A vrai dire, je ne comprenais pas qu’on puisse détester cette chanson, qui, au même moment, chez mes aînés de dix ans, provoquait un vrai choc. Un morceau vivifiant, malin et mélodique, avec un phrasé légèrement hâbleur. Dans le clip, les Gamine jouaient la décontraction à merveille et je me demande toujours pourquoi Voilà les anges n’est pas devenu un tube en lieu et place des conneries de Niagara. A quinze ans, ma perplexité était la même, alors que tout le monde dansait sur Bros et Terence Trent d’Arby. D’ailleurs, on aurait pu danser sur Voilà les anges, avec sa batterie caoutchouc, sa ligne de basse un peu entêtante et ses riffs frétillants. Mais voilà : j’ai repris ma cassette et j’ai attendu mon heure, qui a mis quelque temps à se présenter. Peut-être que ce week-end, dans les amis de Nina, 15 ans, un petit gars nommé Elio amènera un CD gravé avec un morceau des Shins et qu’il se fera jeter. Je tenais à lui dire qu’avec un peu de patience tout s’arrangera et que moi aussi Australia me rend fou de joie.