jeudi 15 mars 2007


Train in vain - The Clash

Ça n’est pas ma chanson préférée des Clash mais que je l’aie voulu ou non, c’est la chanson de ma démarche. Je me mets en route et c’est automatique, j’entends le crescendo de la rythmique qui débute le morceau et mes jambes se mettent à l’unisson. Même impétuosité, même air goguenard : je marche sur Train in vain, comme si j’étais un membre des Clash, comme si j’étais dans une bande imaginaire qui s’en allait défier le monde. La première fois que j’ai acheté un pantalon de costume, on m’a fait un compliment génial : « tu ressembles à Paul Simonon ». J’en rougis encore. Train in vain est une chanson solaire dans un répertoire punk plutôt perçu comme sombre mais c’est ma face favorite du mouvement. Les chœurs et les riffs, l’union qui fait la force et la bienséance qui vacille. Le tranchant plutôt que la lourdeur, la concision contre l’insupportable marmelade progressive de l’époque. Je marche dans Train in vain et le morceau change mon panorama, au fur et à mesure que je progresse dans les rues de la ville, narguant les passants d’une désinvolture qui s’adapte si bien à la musique. Mais si je m’arrête au feu, c’est une autre chanson qui débute et aussi une autre posture. J’entends les accords de Waiting, cette chanson des Devlins découverte dans le premier épisode, inégalé, de Six feet under et je deviens Nate Fisher, observant moi aussi mon père, mort à 31 ans dans un accident de la circulation, qui me salue depuis un autobus. Comme Nate, je pose mon regard sur les gens alentour et la chanson modifie la perception que j’ai d’eux : ils portent eux aussi le poids des deuils et des déceptions. Ils semblent me saluer et m’expliquer sans un seul mot que tout ira pour le mieux. Qu’il ne faut pas s’inquiéter. Le feu passe au vert. Train in vain reprend.