lundi 5 mars 2007


Frederick - Patti Smith

Il faut louer ceux qui vous font changer d’avis en musique. Surtout lorsqu’ils le font avec la plus grande des douceurs, parce que vous leur devez un monde et une nouvelle innocence. Je n’aimais pas trop Patti Smith parce que je ne connaissais que Horses et que le lyrisme de cet album me mettait mal à l’aise. Et puis j’ai rencontré Jean-Hubert et Sylvie, qui travaillaient à une œuvre digne du plus grand respect : fabriquer une bibliothèque idéale et absolue où tous les livres se répondraient. J’ai voulu faire leur connaissance parce qu’ils considéraient comme moi que Lester Bangs était un écrivain sans commune mesure. Nous avons mangé chez Jenny, place de la République et je les ai photographiés après un entretien qui se poursuit encore aujourd’hui, au gré des mails, des textes et des coups de fil. Ils ont édité Patti Smith et sans jamais chercher à me convaincre, ils m’ont amené à y voir de plus près. J’ai alors découvert la beauté furieuse de ces chansons, la passion et l’urgence de cette passion. Frederick, morceau écrit pour son mari, témoignage d’un amour infini, m’a littéralement retourné. Les femmes aiment comme des bulldozers, et quand elles en font des chansons, il est bien rare qu’elles ne touchent pas le cœur du sujet. Hommage frontal et hymne inquiet, Frederick donne envie d’avoir fait partie du MC5 et de s’appeler Fred Sonic Smith. J’appelle souvent Jean-Hubert et Sylvie dans le Gers et nous parlons football, littérature et musique. Une seule expression me vient à leur égard, elle est biblique : ils sont le sel de la terre. Eux se promettent sûrement de me faire changer d’avis sur Alan Vega mais j’ai encore quelques doutes. C’est tant mieux : on ne saurait demander autre chose qu’être lentement gagné à des causes comme les leurs.