lundi 26 mars 2007


L'équipe à Jojo - Joe Dassin

J’ai découvert Joe Dassin un samedi soir du mois de juillet où aucun de mes amis ne voulait sortir boire des verres. Il y avait une émission d’hommage sur TF1 et sans y croire, j’ai commencé à regarder. J’ai d’abord aimé le type, docteur en ethnologie chantant Bip Bip, puis j’ai aimé les chansons. Peu après, Le Village Vert éditait une compilation de reprises de ses chansons où l’on trouvait L’équipe à Jojo, chantée par les Objets, dont j’aimais déjà beaucoup Sarah. Mon idée de Dassin, c’est que même si elles n’ont pas été écrites par la même personne, ses chansons parlent de la même chose : l’effet du temps qui passe sur les aventures d’une vie. Souvent, il est question de communautés qui s’effritent, de collectifs érodés par les assauts de la maturité. Le couple, bien sûr, mais aussi les bandes d’amis. Dans la chanson, il y a une phrase-clé pour éviter le contresens. « Mais j’ai gardé comme un cadeau, cet air qui me tient chaud. Du fond de la mémoire, celui de l’équipe à Jojo » : pas de nostalgie réelle puisqu’une trace est restée et que cette trace, c’est une chanson avec laquelle on peut mourir. L’aventure a vécu mais elle se perpétue encore en nous pour se parfaire de manière idéelle. Ça pourrait être très politique : comme les hommes-livres de Fahrenheit 451, nous avons chacun appris par cœur une utopie que nous pouvons retransmettre à d’autres. C’est mon cas, entouré d’amis musiciens qui ont fabriqué durant quelques années les airs qui m’emmitouflent quand j’ai besoin de possible. Je pense souvent à Des lendemains d’Orwell, par exemple. Quand je voyais mes amis jouer en concert et que j’essayais d’apporter ma petite part en portant les instruments ou en prenant quelques photos, j’entendais d’ailleurs ces chansons comme des prophéties. On croit que dans L’équipe à Jojo, l’aventure tourne à l’aigre. C’est bien évidemment le contraire qui se passe. Dassin constate sans vraie amertume qu’il faut bien devenir adulte. Mais que cette part d’immaturité créative que transportent les chansons ne mourra définitivement jamais et que, germée, elle donnera rien à d’autres aventures.