jeudi 22 mars 2007


She's coming over - Fugu

J’ai assisté à la naissance de cette chanson et j’ai même écrit dessus quelques dizaines de feuillets, à l’époque, dans un petit fanzine autobiographique photocopié. A cette occasion, j’ai compris comment on enregistrait une chanson : le système des pistes séparées, le mixage, les effets. Je trouvais ça assez passionnant et il en résulte un texte distribué en autant de chapitres que de pistes utilisées pour constituer la chanson, comme si j’essayais de comprendre l’apport de chaque élément, comme si je pouvais moi aussi « feuilleter » mon écriture en autant de strates superposables. Difficile de relire ce texte aujourd’hui, truffé d’anecdotes personnelles et de tourments un peu lointains aujourd’hui. Reste le discours sur la musique : je vois une chanson prendre forme, sans l’avoir entendue au préalable. Je l’aime de plus en plus pour finalement arriver à la conclusion que Mehdi a un talent exceptionnel, ce que je pense toujours. Cette chanson de Fugu est restée particulière pour moi, comme un point de repère dans une volonté de ne pas seulement être un amateur de musique, mais aussi quelqu’un qui voudrait en comprendre le fonctionnement, alors qu’il ne dispose d’aucune oreille et d’aucun savoir-faire. En entendant se formuler lentement une mélodie toute simple mais agencée avec méticulosité, j’ai aussi compris pourquoi chaque élément avait sa place, sa raison d’être. C’était fascinant. Encore aujourd’hui, la voix de Mehdi me paraît énigmatique, presque surnaturelle, à la fois impassible et pleine d’aisance, jamais dans une émotion chargée et terroriste. Mehdi avait enregistré She’s coming over avant son premier album, pour un EP je crois. Et puis il l’a réenregistrée pour son deuxième album où il l’a faite figurer en dernier. C’était amusant et touchant de la retrouver là, semblable mais pas identique, derrière d’autres chansons dont je n’avais jamais entendu une note avant qu’elles fussent commercialisées. Mais cette fois-ci je ne l’ai pas décortiquée et le plaisir est resté, lui, totalement identique.