Les piqûres d'araignée - Vincent Delerm
A défaut de lire régulièrement de la poésie française comme mon métier m’y invite, j’écoute de la chanson française et m’en porte bien, insensible aux critiques de mauvaise foi qui lui sont faites depuis quelque temps déjà. La trouver « réactionnaire » me paraît absolument insensé, quand la trouver dévitalisante par surcroît de mélancolie est une autre affaire. D’abord je ne suis pas sûr que la mélancolie entraîne une quelconque perte politique, puisque c’est ça qui est en jeu. Je vois l’instant mélancolique comme une phase de rassemblement inévitable : qu’on décide de se projeter dans le réel par la suite et c’est presque une question de détermination sociologique. Pour le reste, il y a probablement des chansons françaises réactionnaires. Mais il suffit d’écouter Bourrée de complexes de Boris Vian, Comme ils disent d’Aznavour, Bonnie and Clyde de Gainsbourg ou Les héros de Barbès d’Yves Simon pour se rendre compte que la chanson française n’est absolument pas réac par essence. Après avoir été longtemps suspicieux, je me suis mis à écouter Vincent Delerm, constatant que derrière l’habileté littéraire, il y avait tout sauf un système et donc une vie propre. J’ai commencé par aimer la musique des Filles de 1973, puis j’ai été plus qu’ému par Le baiser Modiano et aujourd’hui, j’écoute