lundi 19 mars 2007


September - Earth Wind and Fire

C’est formidable, la disco. Epatant pour danser, pour rouler des mécaniques, pour faire les malins à vingt sur une piste dans une boîte de nuit ringarde, un été où on s’ennuie ferme. Mais ça n’est pas seulement une musique utilitaire : la disco est un existentialisme. C’est une métaphysique amoureuse, avec un champ lexical particulier, des histoires particulières, tout comme les tubes de la Motown utilisaient déjà des phrasés de garçons pauvres amoureux de jeunes filles trop bien pour eux. Il faut écouter de la disco tôt le matin, dans un café anodin, sur une sono pourrie pour comprendre l’effet que ça peut faire. Une mélancolie immédiate, simultanément adoucie par le rythme, les arrangements affolés, la joie de jouer de musiciens surdoués ayant enfin trouvé comment démontrer leur virtuosité sans perdre le sens du divertissement. On voit ça dans les clips d’Earth Wind and Fire avec leur tube September. Une bande de gars habillés n’importe comment, mais dont on a l’impression qu’ils vont sortir de scène en continuant à jouer jusqu’à l’épuisement, dehors, dans la rue, jusqu’à leur lit. Dans cette chanson, je mime souvent la cloche que le percussionniste martèle durant tout le morceau. Rien que ça me donne un sentiment de toute puissance inouï. Dans Le Freak de Chic, mon ami Jérôme attend l’appel de basse qui semble le remplir de joie, juste avant la fin du morceau. Can’t take my eyes off you, qui peut me faire sourire aux larmes, est une parfaite synthèse du lyrisme pop et de l’extravagance disco, comme une tentative de changer la tristesse du jour en un espoir nocturne, fondé sur l’éclair amoureux et ses promesses, dont la chanson tente de mimer par la musique l’imaginaire. Et puis il y a Easy lover. Femme fatale revu par la disco et le rock eighties à catogan. Il faut l’entendre avec des bruits de machine à expresso et un crachouillis de bande FM pour en comprendre l’enjeu vital. Il faut savoir s’émerveiller, après une mauvaise nuit, de la sympathique balourdise des guitares et des voix effrénées pour voir subitement le monde danser dehors, alors que le patron du café essuie ses tasses avec un chiffon sale.